Accueil Société Parcours et récits de femmes innovantes à l’ère du Digital: Des femmes aux succès inspirants

Parcours et récits de femmes innovantes à l’ère du Digital: Des femmes aux succès inspirants

8 femmes, 4 pour leurs parcours inspirants et 4 pour leurs «success stories» sont venues témoigner du potentiel élevé de la femme tunisienne à l’occasion d’une date symbolique, celle de la Fête Internationale de la Femme, célébrée le 8 mars de chaque année. 


Une rencontre-débat sur la digitalisation au service de l’éclosion de femmes innovantes et inspirantes a eu lieu mercredi 8 mars 2023 à la Cité des Sciences à Tunis, salle Ibn-Khaldoun, à l’occasion de la Journée internationale de la Femme autour de la thématique «Femmes innovantes à l’ère du digital».

Dans ce contexte, l’Union européenne en Tunisie, à travers quelques Etats membres, a célébré la Journée Internationale des Droits des Femmes, dans l’esprit Team Europe, sous l’emblème de la science et de l’innovation. Pour mettre à l’honneur l’engagement des femmes tunisiennes remarquables et militant pour un monde de recherche, d’innovation et d’entrepreneuriat plus juste et plus inclusif.

Deux panels de huit femmes tunisiennes, qui se sont illustrées dans les domaines de la recherche scientifique et de l’innovation sont venues raconter leurs expériences de réussite. Le partage de leurs succès est essentiel pour soutenir le leadership des femmes et contribuer à améliorer leur accès aux postes de décision au sommet de la hiérarchie dans les institutions et les entreprises.   

Deuxième pays au monde…

Les femmes tunisiennes apportent d’importantes contributions dans les domaines des Stim (Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques).

La Tunisie est d’ailleurs le deuxième pays au monde au vu du nombre de femmes diplômées en filières scientifiques. Cependant, elles restent sous-représentées dans le monde professionnel et celui de l’entrepreneuriat. Leurs compétences ne sont pas assez valorisées compte tenu de leurs investissements, de leurs réalisations et de leurs efforts.

Encore trop souvent et à compétence égale, ce sont les hommes qui sont embauchés. Leurs parcours professionnels sont encore souvent entravés par des normes sociales et culturelles. Elles se retrouvent, encore trop souvent, face à un plancher collant qui freine leurs débuts de carrière et un plafond de verre qui les empêche d’accéder aux plus hautes sphères des entreprises.

Quatre parcours différents de femmes de caractère qui ont su imposer pour ensuite s’imposer chacune dans son domaine et faire évoluer les mentalités. Des parcours inspirants qui se sont relayés et présentés à l’assistance.

Des expériences inspirantes

Latifa Bousselmi, professeur chercheuse et ingénieure en Génie Chimique-procédés dans le secteur de l’eau avec une expertise de 30 ans dans le recyclage et le développement et multi-usages de l’eau, raconte son parcours depuis Gabès du temps où elle étudiait. Avant de rejoindre Tunis dans un centre de traitement technique de l’eau où elle a beaucoup appris dans le traitement des eaux usées. Un très beau parcours malgré les freins et les obstacles.

Lilia Romdhane parle de ses ambitions pour diminuer le développement des maladies rares et raconte son parcours compliqué pour rejoindre la faculté de médecine de Tunis qui est loin du domicile. Elle avait alors décidé de faire une autre branche, à savoir la biologie pour se rapprocher de la filière médecine. Elle fait part de son parcours du combattant qui l’a mené à faire des études sur la génétique et les biologies moléculaires. En 2004, ayant obtenu une maîtrise majeure de promotion, en 2015 en devenant maître certifiant et enfin en 2019 maître assistante et parmi les rares personnes porteuses de handicap à arriver à ce statut social élevé. Elle est en train de contribuer à l’amélioration de la recherche sur les maladies génétiques et a créé une plateforme intelligente sur les maladies rares. Elle a été recrutée avant l’obtention de son doctorat en juin 2022 et a obtenu son adaptation universitaire en sciences biologiques.

Un autre métier «prenant», toujours dans la médecine, a été présenté à l’assistance nombreuse et curieuse. C’est celui de Dr Hamida Maghraoui, médecin cheffe de service des urgences à l’hôpital Rabta, qui se dit optimiste et aime les challenges. La communication adaptée aux besoins de la santé. Elle raconte la genèse de son ascension avec le challenge de participer à un concours où on s’engage pour 40 ans. Son examen obtenu depuis 2009 concours d’assistanat concours d’agrégation 14 années. C’est une spécialité difficile où on doit apprendre chaque jour.

Enfin, Pr Leïla Ammar Keskes, professeur et chef de laboratoire de recherche en Génétique moléculaire humaine, originaire du Kef et praticienne à Sfax, parle des bienfaits de la digitalisation sur la recherche scientifique. Elle raconte son parcours favorable depuis sa scolarité avec la promotion de l’éducation de son père, directeur d’école, et rappelle son intérêt pour la science, depuis le niveau secondaire. Elle relève l’absence de la branche biologie de la reproduction en Tunisie qu’elle a développé à l’hôpital de Sfax avec l’appui de son association en faveur de la recherche et avoue notamment l’avancée en 2015 de la Tunisie dans le cadre du programme «Magenta». Ceci dit, la pandémie du Covid-19 a accéléré, à l’échelle mondiale, le développement de la transformation numérique, avec davantage de personnes en ligne pour le travail, les loisirs et l’apprentissage. Cependant, la fracture numérique entre les genres empêche les femmes de profiter pleinement des avantages de la transition numérique, et d’être à l’avant-garde de cette dernière. Malgré cela, des «success stories» de femmes compétentes dans leur discipline et déterminées à aller de l’avant ont été présentées à l’assistance qui a applaudi comme un seul homme leur prouesse et leur talent.

Récit de 4 success stories

Une docteure en science biologie raconte comment la digitalisation lui a élargi les possibilités et créé de nouvelles aspirations professionnelles. Forte de 10 ans d’expérience en biotechnologie, elle parle de la réutilisation et la gestion des déchets à partir de cellules de dromadaires. Un projet qu’elle a converti en business.

Après Mannel El Euchi, docteur en informatique à Sfax, Imen Ayari, head of innovation Factory, a atteint le plafond de verre dans sa carrière avec des perfections à apporter dans son domaine. Elle s’est promise de faire de la veille technologique un travail puis elle raconte son expérience insolite en tant que membre d’une équipe de développeurs hommes.

Quant à Khawla ben Ahmed, cofondatrice Gewiner et passionnée par la médecine anatomique et la technologie, elle a songé à créer une plateforme pour les personnes à mobilité réduite qui ont des difficultés à utiliser leurs membres pour se déplacer. L’indépendance pour les personnes à mobilité réduite est son fer de bataille.

Âgée de 27 ans, elle a une licence en génie physico-médicale. Elle a fait une recherche et tout mis en œuvre pour créer des projets et devenir une enseignante avec un salaire fixe. Elle s’est demandée pourquoi ne pas améliorer leur condition au quotidien grâce au digital, après avoir constaté le mode de vie d’un membre de sa famille totalement paralysée.

23 millions d’euros pour l’égalité homme-femme

Dans un communiqué remis par les organisateurs de l’événement, on apprend d’amples détails sur les ambitions de l’Union européenne en Tunisie pour relever des défis de façon mutuelle et veiller aux impératifs égalitaires portant sur le genre : «L’UE avec ses Etats membres accompagne, à travers divers programmes de coopération ambitieux dans les domaines de la formation, la recherche, l’innovation et l’entrepreneuriat, la mise en œuvre de la transformation numérique tenant compte d’une meilleure inclusion des chercheuses, des innovatrices et des entrepreneuses numériques dans de multiples secteurs de développement afin de paver le chemin pour une économie plus numérique, circulaire et inclusive.

Ils accentuent également à l’échelle mondiale leurs efforts en faveur de l’égalité femmes-hommes notamment à travers la réalisation des objectifs du troisième plan d’action genre de l’UE, le GAP III 2021-2025 avec comme ambition de soutenir l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations dans 85% des actions de coopération.    

Les enjeux concernant l’égalité des genres sont partagés entre les deux rives de la Méditerranée, renforçant ainsi davantage l’engagement euro-tunisien pour un modèle de développement affirmant le rôle important des femmes dans l’inéluctable digitalisation de l’économie mondiale. Cela émane de la conviction commune que la Tunisie possède des atouts majeurs dans ses compétences notamment féminines, et qu’elle peut renforcer davantage sa compétitivité à l’échelle internationale en s’attaquant à la discrimination de genre structurelle et systémique. Cet événement est l’occasion de rappeler notre engagement, Union européenne et Etats membres, auprès de la Tunisie».

Un représentant de l’UE a fait part des clivages qui existent entre les hommes et les femmes en Tunisie, surtout dans les quartiers défavorisés en matière d’accès au numérique et d’utilisation des services digitaux. Il estime qu’il faut travailler à réduire le gap hommes-femmes à ce niveau et la mise en œuvre du programme d’appui par l’UE, qui sera impulsé en fin d’année et en début d’année 2024 à hauteur de 23 millions d’euros, peut permettre d’atteindre ces objectifs.

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